Il m'aura fallu 18 mois de vie en autarcie pour oublier qu'une belle portion de la société est pourrie. Je vais pas vous vendre que le confinement c'était super, n'abusons pas. Mais j'ai vraiment été prise de court par le retour à la vie active en extérieur.
En l'espace de 3 mois, j'ai intégré des groupes Whatsapp de parents d’élèves, j'ai assisté à 2 fêtes d'anniversaire pour des gosses de 5 ans (note à moi-même de ne pas oublier l'anniv de Rose-Lily-Daisy-truc samedi prochain), on a réinstauré les apéros du jeudi soir, le métro et le bus sont à nouveaux bondés et les réunions inutiles s'amassent sur mon calendrier...
Je déboule dans le salon et je dis à mon mari "j’arrête tout, je veux être femme au foyer"
Je finis ma crise et je tente de voir le bon coté des choses. On a quand même pu passer un weekend en Italie qui a bien rechargé mes batteries. Mais c'était sans compter sur mon vol retour et mon passage par la douane italienne... Un instant. Un instant aura suffi à balayer tous les bons moments que je venais de passer, réveiller mon anxiété et n'avoir qu'une envie: rentrer chez moi.
Pendant mon vol, impossible de trouver le repos, je cogite, je me calme en me disant que c'est déjà arrivé et ça arrivera encore mais pourquoi ça m'affecte autant cette fois-ci? Et l'évidence me frappe:
"J'avais oublié l'expérience du racisme ordinaire."
Dans le confort de ma maison, avec mes enfants et mon confident, j'étais à l'abri de ces mentalités qui diffèrent tant de la mienne. 18 mois. 18 mois sans sombre anecdote à raconter, sans rappeler quelqu'un à l'ordre, sans s'indigner. Ça m'est revenu en pleine face. Le racisme ordinaire c'est une tare pour notre santé mentale et ça ne se soigne pas, ça ne se guérit pas. Je dois à nouveau digérer cette réalité qui est hors de mon contrôle. On doit apprendre à vivre avec. Je dois ré-apprendre à vivre avec et autant vous dire que j'ai envie de taper dans des murs.
Cœur sur vous 💙
Ndaya