Il y a un peu plus de 4 ans, j'ai décidé d'entamer le parcours du don d'ovocytes. Comme beaucoup de choses dans ma vie, j'avais l'intime conviction que c'était quelque chose que je ferai un jour. A priori, je mettais dit "on verra quand j'aurais 35 ans". Et puis, la vie en a décidé autrement. A l'aube de mes 28 ans, j'ai senti que c'était le moment. On dit souvent qu'après une rupture, on prend de grandes décisions (changer de ville, de pays ou de coupe de cheveux...).
Ma grande décision était de faire de don de moi.
En novembre 2017, je décide donc de contacter les centres CECOS autour de chez moi (Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains). On prend le temps de m'expliquer rapidement la procédure et on me conseille vivement de le faire au centre le plus près de mon domicile car il s'agit d'un traitement lourd. On me dit également qu'un premier rendez-vous n'engage à rien. Je décide donc de prendre un premier rendez-vous. La gynécologue qui me reçoit me paraît assez froide au premier abord. Très technique. Elle me pose quelques questions sur mon cycle et mes motivations. Après ça, tout s'enchaine très vite dans ma tête et me voila fermement décidée.


Je fais tous les premiers rendez-vous (gynécologue, psychologue, cytogénéticienne… ) en novembre 2017 et puis plus rien…
Je prends le temps d'en parler à quelques personnes autour de moi. La réponse est toujours la même "Fais d'abord tes enfants, tu verras ça après".
J'étais décidée donc peu importe ce que les gens pouvaient dire. J'avais besoin de la bénédiction de mes parents et c'est tout. Madame Maman n'était pas du tout emballée, elle avait peur qu'il m'arrive quelque chose au bloc en donnant mes ovocytes et que je ne puisse plus avoir d'enfants après. Elle m'a fait promettre d'en garder un peu pour moi. Monsieur Papa lui n'a pas montré de signe d'inquiétude. Presque impassible à part me dire "Pourquoi tu ne veux pas attendre d'avoir tes enfants?" J'ai vu par la suite qu'il était très inquiet, le jour du "retrait" il m'a appelé avant mon bloc, pendant, après.
En mai 2018 tout est ok et je commence mon traitement. Prise de sang tous les 2/3 jours et injection quotidienne pendant 10 jours. Je fais mes injections seule en sous cutané tous les jours à 19h. Je me souviens très bien de la dernière injection. La pharmacienne s'est trompée dans les aiguilles et m'a donnée une intra-musculaire. J'ai dû demander à Monsieur Papa de me la faire. Il m'a fait tellement mal, j'ai cru que j'allais pleurer 😭
Le jour J, une amie d'enfance a insisté pour m'accompagner. Au début, je voulais partir seule pour mon intervention, puisqu'il s'agit d'une opération en ambulatoire. Heureusement que mon amie était là. Sa présence a aidé plus que je n'aurais pu l'imaginer. Non pas que j'avais peur, mais j'ai un cerveau qui tourne à 1000 à l'heure alors pouvoir parler de tout et de rien avant de descendre au bloc a été comme une bouffée d'oxygène.
Quand je suis arrivée au bloc, l'ambiance était tout de suite beaucoup plus sérieuse. J'ai attendu encore un peu avant d'entrer au bloc. On me propose du gaz pour aider à me détendre, mais à peine l'anesthésie locale faite, je ne me sers plus du gaz qui ne m'aide pas à me détendre.
Le prélèvement est assez rapide (une quinzaine de minutes je dirai). La sensation est désagréable mais pas douloureuse. Comme un petit pincement dérangeant.
La gynécologue semble satisfaite du prélèvement et agréablement surprise ( apparemment il y en avait plus que ce qu'on avait vu lors de la dernière échographie de contrôle)
Ce qui m'a marqué lorsque l'intervention était terminée, c'est le nombre de remerciements. Chaque membre du personnel médical m'a remerciée pour mon acte.
Je suis remontée dans ma chambre où mon amie m'attendait. J'y suis restée une petite heure avant de pouvoir rentrer chez moi. J'ai observé un peu de spotting mais rien d'alarmant. Je me suis sentie assez fatiguée pendant 24h et puis ma vie a repris son cours.
Quelques jours après l'intervention, la gynécologue m'a appelée pour me remercier de nouveau, savoir comment je me sentais et me donner le décompte final des ovocytes matures utilisables pour de futures fécondations.
Pourquoi je vous en reparle aujourd'hui? Tout d'abord parce que c'est un sujet qui me tient réellement à cœur. Mais aussi car depuis La loi de bioéthique du 2 août 2021 autorise désormais, en France, l’autoconservation ovocytaire dite « sociale ». Elle est prise en charge par l’assurance maladie jusqu’à 37 ans pour les femmes. Auparavant, cette autoconservation n’était autorisée que pour raison médicale ou en contrepartie d’un don.

Mais aussi car depuis la promulgation de cette loi, le manque de donneuses d'ovocytes et de donneurs de sperme se fait plus grand aujourd'hui. A l'époque de mon don, il fallait attendre entre 5 à 6 ans pour bénéficier d'un don d'ovocytes provenant d'une donneuse africaine et de phénotype noir ( contre 18 mois pour un ovocyte provenant d'une donneuse caucasienne).
Le referai-je? Je pense, oui, après avoir eu mes enfants.
Si vous souhaitez m'entendre parler de mon don, vous pouvez écoutez l'épisode 24 du Thé Noir Podcast intitulé Le don de soi
Cœur sur vous 🖤
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